L’économie du Niger repose en grande partie sur un capital-ressources de plus en plus restreint. Plusieurs études entreprises au cours des vingt dernières années démontrent à cet égard que la base des ressources naturelles du pays est non seulement limitée, mais qu’elle se dégrade de plus en plus au fur et à mesure que les besoins de la population − en majoritié pauvre − s’accroissent. Ce déséquilibre entre les besoins et les ressources handicape le développement du pays. Le Niger, qui ne peut par ailleurs compter sur la présence d’autres secteurs technologique, industriel ou commercial fort et capable de prendre la relève, a peu d’alternatives vers lesquelles se tourner. La crise de développement dans laquelle il est plongé menace non seulement le patrimoine naturel national, mais surtout la survie des populations qui en dépendent. Depuis les deux dernières décennies, celles-ci ont vu le rendement de leurs productions agricoles diminuer, tandis que leur niveau de vie s’est considé- rablement dégradé. Les populations sont de plus en plus pauvres, ce qui les conduit à adopter des stratégies et des comportements qui, à long terme, ne sont pas durables. A cet appauvrissement des individus s’ajoute celui de l’État dont le PNB est en baisse depuis 1990. Toutefois, celui-ci a connu quelques progrès au cours de l'année 1994 avec une croissance de l'ordre de 4,1 % pour retomber à 3,9 % en 1995 et 3,4 % en 1996. En outre, depuis la chute du marché de l’uranium au début des années 80, le pays est revenu à une économie basée sur l’agriculture de subsistance dont la part relative représentait 37,8% du PIB en 1990, 37,5% en 1993 et 36% en 1996. Les exportations pour leur part ont chuté de 24% entre 1985 et 1991. Cependant elles ont enregistré une hausse de +17 % en 1997 alors que les importations enregistraient pour la même période une diminution de 5 % en valeur. Par ailleurs, le taux d'investissement a continuellement baissé passant de 17,1 % en 1994 à 11,7 % en 1995 et 9,4 % en 1996. La part de l'aide étrangère y était respectivement de 92,02 % ; 94,04 % et 91,90 % . Dès lors, dans la foulée de la réflexion qui s’est engagée à la suite de la tenue de plusieurs événements internationaux tels que la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain (CNUEH / Stockholm - 1972) et surtout celle sur l’environnement et le développement (CNUED / Rio de Janeiro - 1992), le Niger reconnaît que son développement dépend en grande partie de sa capacité à mieux gérer l’ensemble de ses ressources. Délaissant l’approche sectorielle et technique des années 80, le pays favorise maintenant une approche plus globale, davantage tournée vers les intervenants, et en particulier vers les populations. Ainsi, on s’est employé, depuis le milieu des années 80, à mettre en œuvre plusieurs plans et programmes qui ont porté, entre autres, sur la lutte contre la désertification (Plan national de lutte contre la désertification – PNLCD 1985, révisé en 1991) et la gestion des ressources naturelles (Programme national de gestion des ressources naturelles – PNGRN 1993). Parallèlement, le pays a adopté au cours des dernières années un ensemble de politiques et de programmes qui visent à permettre une meilleure gestion des ressources, tant biophysiques qu’humaines, et une meilleure organisation de l’espace. L’examen de ces différents documents permet de les regrouper en trois grandes catégories selon leur nature et leur objet. Une première catégorie associe tous les programmes qui s’intéressent directement aux ressources naturelles. Outre le PNLCD et le PNGRN, il faut encore ajouter le Schéma directeur de mise en valeur et de gestion des ressources en eau (1993, révisé en 1997) et le Plan d’action forestier tropical (PAFT). Le deuxième groupe rassemble un certain nombre de politiques qui ont un lien étroit avec l’environnement. Mentionnons les Principes directeurs d’une politique de développement rural (1992), qui porte sur la participation des populations et la redéfinition du rôle de l’État, le Code rural (1993), la Politique nationale de population (1992), la Politique de promotion de la femme (1994), la Politique sectorielle de santé (1995) et le programme de relance économique (1997). Ces énoncés et déclarations de politique annoncent les orientations que le Gouvernement entend suivre dans chacun de ces domaines fondamentaux qui sont indissociables de la grande question de l’environnement. 1 Enfin, la troisième catégorie réunit les grands programmes transversaux qui guideront le Niger au cours des prochaines années en matière d’économie (programme cadre de renforcement des capacités de gestion de l’économie et de promotion d’une bonne gouvernance), de développement du secteur privé (programme cadre de promotion du secteur privé) et surtout de pauvreté (programme cadre national de lutte contre la pauvreté). Chacun de ces programmes et politiques reconnaît des priorités et propose déjà un certain nombre d’actions dont le PNEDD entend évidemment tenir compte. La lecture de ces différents documents et de beaucoup d’autres encore permet de reconnaître un certain nombre d’objectifs communs. Toutes ces politiques et tous ces plans, programmes et projets veulent contribuer plus ou moins directement à “l’amélioration du cadre et des conditions de vie des populations”, à “la réduction de la pression sur les ressources ”, voire à la “sauvegarde et à la protection de l’environnement” en vue d’aboutir au développement économique et social. Pourtant, le Niger ne dispose pas encore d’une politique spécifique, unifiante et intégrée en matière d’environnement qui permette d’arrêter des objectifs réalistes et partagés par tous les intervenants et de s’entendre sur les voies et moyens pour les atteindre. Il s’ensuit une certaine confusion qui se traduit notamment par des recoupements d’attributions et des conflits de compétence entre les institutions en place qui paralysent trop souvent l’action.2 Rappelons qu’au-delà de ces conflits institutionnels, l’atelier de lancement des travaux du PNEDD3 avait également souligné d’autres difficultés importantes, notamment 1) la faiblesse de l’implication et de la participation des populations dans la planification des actions, 2) l’instabilité du cadre institutionnel, 3) le manque d’intégration des programmes et des actions résultant d’une approche essentiellement sectorielle, 4) la faiblesse des mécanismes de suivi et d’évaluation des différents programmes et 5) la faiblesse des capacités nationales en matière de financement de programmes et de projets responsable en partie d’une certaine divergence d’intérêts et de priorités des parties prenantes. Voilà donc rapidement exposés les problèmes auxquels le PNEDD veut s’attaquer. D’une part, il veut matérialiser le consensus qui permettra de formuler la politique du Niger en matière d’environnement et de développement durable. D’autre part, il veut assurer l’harmonisation nécessaire − en ce qui a trait à l’environnement − entre les actions qui sont entreprises dans une perspective de développement durable. De plus, au-delà de la seule harmonisation, il entend favoriser toute la synergie nécessaire et souhaitable entre les différents intervenants. Le PNEDD est donc à la fois processus, dans la mesure où il s’agit de développer un consensus entre tous les partenaires, et plan d’actions, dans la mesure où il s’agit de s’entendre sur le choix des actions concrètes à entreprendre.
Document type
National Biodiversity Strategies and Action Plans (NBSAPs)
Publication date (of file/URL)
31 March 2018