Le lycaon (Lycaon pictus) et le guépard (Acinonyx jubatus) présentent des enjeux majeurs pour les conversationnistes du 21ème siècle. Bien que tous les grands carnivores requièrent de grands espaces, les lycaons et les guépards sont
ceux qui ont besoin des plus grands pour vivre. Quand la population humaine envahit les dernières terres sauvages d’Afrique, ces deux espèces menacées sont souvent les premières à disparaître. L’Afrique occidentale, centrale et septentrionale contient des populations de guépards et de lycaons qui ont une importance écologique à l’échelle mondiale. Cette stratégie régionale fait partie d’un programme qui vise à développer un plan d’actions pour la conservation de ces espèces à l’échelle nationale, en collaboration avec les autorités pour la faune sauvage dans cette région d’Afrique, et les groupes de spécialistes des félins et des canidés de l’IUCN/CSE. Du fait de la similarité des
besoins écologiques des lycaons et des guépards, il apparaît logique de planifier leur conservation ensemble. De plus, les actions mises en place pour ces deux espèces profiteront aussi à d’autres carnivores comme les lions, les léopards et les hyènes. La réciproque ne serait pas forcément vraie dû au besoin unique des guépards et des lycaons d’un très grand domaine vital sauvage. Ce rapport décrit les résultats de l’atelier régional tenu au Niger en 2012 dont l’objectif était de planifier la conservation des guépards et des lycaons en Afrique occidentale, centrale et
septentrionale. Les participants à cet atelier représentent les parties prenantes clés pour les guépards et les lycaons dans la région. La liste des participants inclut des membres des autorités de la faune sauvage, d’organisations non-gouvernementales (ONG), ainsi que des biologistes spécialistes de ces deux espèces. En Afrique occidentale, centrale et septentrionale, l’aire de répartition géographique des guépards et les lycaons a subi une extrême réduction. Les
populations « résidentes » ne couvrent maintenant plus que 9% (guépards) et 4% (lycaons) de leur répartition historique dans la région et ces deux espèces sont considérées comme irrémédiablement perdues de 57% (guépards) et 69% (lycaons) de cette région.
Bien que les aires protégées soient très importantes pour la conservation des guépards et des lycaons, la majorité de l’aire de répartition de ces espèces se trouve en dehors de celles-ci. En Afrique occidentale, centrale et septentrionale, plus des trois quarts de l’aire de répartition des guépards, et presque deux tiers de l’aire de répartition des lycaons, se trouvent sans statut de protection. Peu de populations à l’intérieur des aires protégées seraient viables si elles n’étaient pas connectées à l’habitat en dehors de ces aires. De ce fait, les actions de conservation en dehors des aires protégées sont cruciales pour la survie à long terme de ces espèces. De Stratégie régionale pour la conservation des guépards et des lycaons en Afrique occidentale, centrale et septentrionale.
plus, dans cette région immense, les populations de guépards et de lycaons se trouvant dans la partie occidentale sont celles qui dépendent le plus des aires protégées. Petites et isolées, elles sont très probablement extrêmement vulnérables, et leur conservation requiert une attention urgente. Les menaces principales pesant sur la survie du guépard et du lycaon dans cette région sont la perte et la fragmentation de leur habitat, les conflits avec les éleveurs de bétail, la diminution des populations de leurs proies, le piégeage accidentel, les collisions avec des véhicules, les petites tailles des populations, les maladies infectieuses (lycaons) et la chasse pour le commerce d’animaux vivants ou
des peaux (guépards). Ce rapport présente une stratégie qui vise à atténuer ces menaces, et à garantir la survie de ces deux espèces dans la région.
La région abrite seulement cinq populations connues de guépards et quatre populations de lycaons dont la plupart occupent des zones transfrontalières internationales. Une gestion transfrontalière est donc probablement nécessaire
pour la conservation de ces espèces sur le long-terme. Les participants à l’atelier ont identifié les espaces sauvages où une restauration simultanée des deux espèces est envisageable ; il s’agit principalement d’aires protégées qui n’ont pas été bien gérées dans le passé mais qui pourraient supporter des populations de guépards et de lycaons si leur gestion était améliorée. Bien qu’elles soient relativement petites, ces aires de réhabilitation pourraient potentiellement contribuer à une augmentation de 2% de l’aire de répartition du guépard et 4% de celle du lycaon. Il s’agirait donc d’une augmentation substantielle de leur aire de résidence actuelle. La stratégie présentée ici se focalise donc sur la protection de populations existantes connues, l’identification de populations inconnues et, là où c’est
possible, la restauration de populations. La stratégie pour la conservation de ces deux espèces en Afrique occidentale,
centrale et septentrionale reconnait le besoin de (i) développer les capacités dans tous les domaines touchant à la conservation des guépards et des lycaons dans la région, (ii) améliorer les connaissances sur la biologie de ces deux espèces, (iii) sensibiliser les responsables et les communautés sur la valeur du guépard, du
lycaon et de leur habitat, (iv) promouvoir le rétablissement de populations de guépard et de lycaons, (v) encourager la bonne coexistence entre les humains, les guépards et les lycaons, (vi) réduire le nombres de guépards et de lycaons chassés illégalement, ainsi que la surexploitation de leurs proies, (vii) améliorer la chance de survie des populations de guépards et de lycaons, et (viii) garantir la mise en œuvre de la stratégie pour la conservation des guépards et des lycaons en Afrique orientale, centrale et septentrionale.